« On peut se demander s’il existe d’autres animaux qui ont joué un rôle aussi important dans l’histoire du monde que ces créatures humblement organisées.» Charles Darwin
 
Dans What on Earth Evolved?un livre scientifique où il présente les 100 organismes qui ont eu le plus d’impact sur le monde tel qu’on le connait aujourd’hui, Christopher Lloyd place les vers de terre au premier rang et les humains au 6e. Avec le début récent de l’ère évolutive classifiée comme Anthropocène, parce que dominée par les humains, ces animaux restent au centre des changements sur la terre.
 
 
Quand je vois la proximité entre les vers de terre et l’action des humains dans la nature, je me demande s’ils ne devraient pas être considérés comme des animaux domestiques. Sûrement dans les cas de lombriculture, de lombricompostage et des méthodes d’élevage sur les fermes des appâts pour la pêche, on s’en rapproche. Et aussi quand on inocule des vers dans les champs cultivés comme ça s’est fait massivement en Nouvelle-Zélande, avec une forte augmentation des rendements. Dès que les humains modifient un milieu naturel, certaines espèces pérégrines (ou cosmopolites) s’installent.
 
On connait environ 7000 espèces de vers de terre; et on estime qu’il en reste plusieurs fois ce nombre à découvrir, notamment dans des milieux où on ne fait pas de recherche sur les sols. Ils sont absents dans certains écosystèmes naturels où d’autres animaux remplissent en partie les mêmes fonctions, mais ils sont essentiels pour le bon fonctionnement des sols cultivés. Il faut donc consacrer des ressources pour les étudier et mieux les comprendre. Entre autres, il est important de connaître les espèces qu’on retrouve à la ferme et au jardin.
 
La sécheresse?
Après un printemps très pluvieux, l’été sec a sûrement affecté à la baisse les populations des espèces moins capables de résister aux conditions sèches. Dans ces conditions, les vers réduisent leurs activités par un processus biologique appelé estivation ou quiescence. Mes observations au jardin vendredi, après 20 mm de pluie, me permettent de constater que, comme toujours, les deux espèces les plus communes, Aporrectodea turgida et A. tuberculata, sont celles qui sont encore bien vigoureuses après deux mois de sécheresse. Des spécimens d’autres espèces comme Octolasion cyaneum ou Allolobophora chlorotica semblaient affaiblis. Certaines espèces peuvent même ne pas survivre dans un endroit donné. L. terrestris et A. longa se réfugient loin de la surface dans les galeries profondes plus humides. Ces galeries permettent aux racines des cultures de trouver de l’eau en profondeur. À l’INAB on a posé des drains souterrains récemment dans une parcelle, et ils se sont mis à couler, même après 2 mois de sécheresse.
L’humidité de l’automne devrait revigorer les vers restants et nous permettre de démarrer une campagne d’identification de fin de saison. À suivre.
 
Denis La France, Enseignant et expert en agriculture biologique, CETAB+
Cégep de Victoriaville
Facebook Vers de terre Québec

One thought on “LE VER DE TERRE, L’ANIMAL LE PLUS IMPORTANT AU MONDE ?? !!”

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