J’ai profité du dernier samedi de juin pluvieux pour examiner mon compost domestique. Il est situé à l’entrée du jardin de légumes. Je voulais transférer des vers dans un terreau de feuilles débuté au printemps (avec un ajout de farine de plume azotée) pour le transformer en vermicompost. En français on parle souvent de lombricompost et de lombriculture. Les épigés sont des vers qui vivent dans la litière de surface et rentrent très peu dans le sol. Ils mangent très peu de terre. Dans les composts, on voit beaucoup d’Eisenia fetida qui survit à l’hiver, surtout par ses cocons.

Il y a 3 ans, j’ai introduit E. andrei qui lui ressemble beaucoup. Et l’an dernier j’ai introduit, en octobre, E. hortensis; plus gros et plus foncés que les deux précédents, mais tigrés aussi, ces épigés se reproduisent plus lentementJe ne crois pas en avoir vu cette année. Ceux que j’ai vus étaient soit E. fetida ou Eandrei.

Les britanniques les appellent « compost worms », une autre catégorie écologique. Et parfois « red wriggler » car ils gigotent quand ils sont dérangés ou « tiger worms » car on voit une ligne jaune à chaque segment quand ils se déplacent. Ils ont aussi du jaune dans la queue, mais pas comme Octolasion cyaneum.

Facile à élever, E. fetida est utilisé pour certaines études comme des tests de toxicité des pesticides, etc. Malheureusement comme il ne vit pas, ou presque pas, dans le sol ce n’est pas une espèce qu’on peut qualifier de ver de terre.

Au printemps, je fais pas mal d’entretien au jardin, notamment le sarclage de mauvaises herbes vivaces, avec des racines, l’éclaircissage de plantes vivaces expansives comme des fougères envahissantes que j’arrache avec des racines fibreuses dans une plate-bande de fleurs, etc. À plusieurs endroits je contrôle des graminées vivaces envahissantes que je mets au compost avec une grosse motte de terre pleine de racines. Une fois décomposés les végétaux laissent beaucoup de terre dans le compost.

Lors de mes observations de samedi dans une première section très terreuse du compost, j’ai observé plus de vers de terre véritables que d’Eisenia spp. Des Apporectodea, beaucoup de Lumbricus terrestris et quelques autres parmi les 12 espèces de vers de terre identifiées à date chez moi. Dans une seconde section de compost observée, c’était l’inverse : plus d’Eisenia spp et moins de vers de terre. Et surprise, la majorité des Eisenia n’était pas dans les débris végétaux en décomposition, ils étaient dans les mottes de terre et de racines où, au poids, on peut estimer >95% de terre. Accumulé très graduellement un tel compost n’atteint pas des niveaux de température élevée. Eisenia spp. sont très à l’aise à 25° mais les vers de terre aiment des températures pas mal plus fraîche. Une grosse motte très terreuse ne chauffe pas comme du compost en début de décomposition.

Cet été, je fais un essai de plantation de chou-fleur sans travail de sol après avoir coupé et couvert le sol avec du Mélilot jaune (bisannuel) bien fleuri à la St-Jean-Baptiste. Pour accélérer la décomposition et la minéralisation du mélilot, j’ai transféré à partir du compost quelques dizaines de L. terrestris qui préfèrent s’alimenter de résidus en surface du sol. Évidemment, je n’ai aucune garantie qu’ils ne se déplaceront pas pour s’établir plus loin. Mais les feuilles de mélilot, très riches en azote, devraient les intéresser et je suis curieux de voir à quelle vitesse elles disparaissent. En fin de saison, je pourrai voir si la population de grands lombrics est plus élevée sur cette planche.

 

Denis La France

Enseignant et expert en agriculture biologique

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