Les scientifiques décrivent les vers de terre comme les ingénieurs du sol. Avec les racines, les fourmis, etc., ils créent un milieu favorable à la vie de TOUS les organismes vivant dans le sol. On décrit leur travail comme de la bioturbation : ils mangent de la terre, des matières organiques et les déposent ailleurs, y compris en surface du sol, mélangeant les composantes du sol. Ceci aide à créer la structure su sol. Un sol bien structuré est constitué de 50% de solides rassemblés en agrégats, entourés de 50 % d’espaces (nommés pores) partagés entre la terre et l’eau.

Voyons dans des photos de mon jardin, de quoi peut avoir l’air la structure à la surface du sol quand une population abondante de 11 espèces de vers de terre, bien nourris, fait son travail. Impossible de dire exactement quelles espèces effectuent ce travail, car certaines viennent peu en surface. Comme les diverses espèces ont des comportements différents, on peut affirmer que c’est un travail collectif. Et il est important de savoir quelles espèces sont actives sur nos fermes et dans nos jardins, et de s’assurer que leurs actions sont complémentaires, si on veut que nos sols profitent bien de leurs apports. Comme les vers se déplacent peu, il est même possible d’en déplacer pour augmenter la biodiversité locale. Il faut aussi bien les nourrir pour assurer une abondance suffisante.

Photo 1

Sous un plastique d’occultation pour faire mourir un engrais vert sans travail de sol dans mon jardin, on voit une section où la végétation est presque complètement consommée par les diverses espèces de vers de terre et une surface constituée presque exclusivement de turricules avec de nombreuses galeries et, en plus de limaces et escargots, 7 vers visibles au moins en partie. Plusieurs dont on voit la queue, car, pour rejeter les déjections en surface souvent ils ne sortent que le bout de la queue. Plus il y a de turricules en surface, plus il y a de biopores en dessous.

Photo 2

En surface d’un sol travaillé aux rares débris, exposé à la pluie, on voit des déjections fraîches bien rondes, des déjections plus vieilles dégradées par la pluie et séchées, et du sol foncé qui a manifestement été travaillé par des vers. Et une abondance de petits trous. Cette rugosité laisse deviner l’abondance de biopores qu’on trouvera dessous. Il y a peut-être un peu d’anéciques mais ils ne sont pas dominants. À la différence des autres photos, ici il n’y a pas de bâche plastique. On apprécie la stabilité structurale de ce sol, sa résistance à la battance.

Certaines espèces de vers, dans la catégorie des endogés, laissent surtout leurs déjections dans le sol. On sait qu’Aporrectodea tuberculataA turgida et A. trapezoides en déposent une partie en surface, tout comme A.longa, un anécique dont on a parlé récemment, mais qui n’est pas actif dans les sols sur les photos.

Photo 3

Sur une surface battue par la pluie (pas dans mon jardin) on voit des déjections fraîches. Tout un contraste. Ce sol manque de vers.

Photo 4

Situation semblable à la photo 1, en été dans une parcelle protégée par une bâche. Surface constituée presqu’exclusivement de déjections.

 

Denis La France

Enseignant et expert en agriculture biologique

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