
Comment améliorer l’impact des vers sur vos sols? Pour augmenter l’abondance et l’activité des vers sur un site donné, il faut leur offrir des conditions favorables. Mais pour équilibrer leur biodiversité?
Comme les vers vivent dans des îlots et se déplacent de quelques mètres par année, s’ils sont absents à un endroit et qu’on veut profiter de leurs services, on peut les introduire, puis travailler à les augmenter. Une intervention simple, qui peut se faire de façon artisanale. Mais ça reste une intervention de bio-ingénierie, pour modifier la biodiversité.
Il est bon de s’assurer qu’on a un assemblage équilibré d’au moins 3 à 5 espèces dans nos champs. Pour ce faire il faut les identifier. (V. 13 septembre et 11 octobre.) Et, selon le diagnostic, on peut en introduire, puis attendre 2 ou trois ans qu’ils se répandent.

Comme seules 4 espèces sont vendues, dont trois pour le compostage, il faut transférer des vers à partir d’un ou des sites bien pourvus en diversité. (V 11 octobre.) Le plus simple est de les introduire un soir de pluie quand les prédateurs cessent leurs activités, en les couvrant d’un peu de terre ou de débris végétaux. Pour éviter de transférer des mauvaises herbes et des organismes indésirables les laver (Photo 2) et les laisser vider leurs intestins dans du papier mouchoir mouillé 24 heures au frais ou au frigo. Comme il peut y avoir quelques espèces (photo 3), qu’ils doivent se trouver pour se reproduire, le mieux est d’en mettre 20 ou 30 au même endroit. 100 ou 200 vers permettent d’inoculer un champ. Une période fraiche et mouillée comme avril ou octobre est idéale.

Le grand lombric (L. terrestris) est un cas particulier. C’est le ver le plus important pour les sols cultivés. Difficile à trouver le jour, il amasse des débris dans des monticules en surface, à l’entrée de ses galeries. Si on voit ces amas, pas besoin de l’introduire. Sinon il est vendu comme appât, dans des magasins de « chasse et pêche ». 500 à 700 millions sont récoltés sur des fermes au Sud de l’Ontario chaque année. Il est conservé dans des frigos et disponible toute l’année. En ce moment, la saison achève et on peut en acheter à bon prix. Par exemple, un agriculteur en a acheté à 125$ les 500 à l’automne 2024. Les petites quantités sont plus chères. (Photo 1 T. Vinet) Introduire à la pluie, le soir, en surface, tout juste couverts, par groupes de 10 au moins. Ils s’installent à proximité les uns des autres pour se reproduire. Rapidement, les services qu’ils vous rendront couvriront les coûts.

Denis La France, enseignant et expert en agriculture biologique
CETAB+, Cégep de Victoriaville