Combien d’azote pour nos cultures dans les déjections des vers de terre?
Mon professeur de sols au Collège Emerson Dr Herbert Koepf disait : « On reconnait quelqu’un qui a étudié ici, toujours la même réponse : Ça dépend! »
Ça dépend de la quantité et du poids de vers présents dans le champ. Ça dépend de ce qu’ils mangent, donc de l’espèce et de ses préférences alimentaires (% de terre consommée). Ça dépend de ce qu’on leur donne comme matière organique à manger. Ça dépend du type de sol et de combien il est propice comme milieu de vie et de déplacement. Un sol humide et bien structuré, peu perturbé, sans pesticides toxiques et recevant une abondance de matières organiques riches en azote donnera les meilleurs résultats.
Et l’azote dans le sol n’a pas du tout un comportement simple et linéaire : il est mobile et sera assimilé puis libéré à répétition par les microbes, les tissus végétaux, immobilisé dans des matières organiques ou des agrégats de sols, lessivé ou dénitrifié.
De nombreux auteurs ont obtenu des résultats très variables. Quelles seraient les tendances moyennes? Examinons quelques études.
Boström 1988 en Scandinavie a mesuré 220 t/ha/année de déjections (Matière sèche ) par A. caliginosa.
Pommeresche et al 2012 en Norvège ont mesuré 144 kg de N dans les déjections de vers de terre, surtout endogés, sur des fermes bio en grande culture et élevage.
Marinissen et al 1993 ont mesuré une nitrification de 10 à 100 kg d'azote par hectare et par an.
Une minéralisation en N comprise entre <30 et 90 kg N ha/an mesurée par (Anderson et al., 1983; Curry et al., 1995; Willems et al., 1996)
Whalen Parmelee 2000 ont mesuré 41 kg/ha/an avec engrais chimique, 22% N du maïs.
Whalen 1998 , grande spécialiste des vers de terre de l’université McGill, a mesuré un flux annuel d'azote par les vers de terre plus élevé dans des parcelles amendées avec du fumier, allant de 32,3 à 86,6 kg N ha/1an, contre 23,3 à 54,9 kg N ha/an dans des parcelles fertilisées de manière inorganique.
Dans une méta-analyse de Van Groenigen et al 2019 les déjections sont supérieures de 241% au taux en N assimilable du sol; le N total 44% plus élevé. Voir graphique en illustration.
Source du N : Minéralisation MO du sol et des résidus.
Concentration du N dans l’urine, le mucus, les cadavres de vers, et les déjections.
Les déjections sont un point chaud à court terme pour l’azote minéral, et une part significative de l’azote minéral libéré dans les déjections peut rapidement être minéralisée, absorbée par la plante, immobilisée avec les communautés microbiennes, piégée dans des agrégats et/ou lessivée (Lavelle et Martin, 1992; Van Groenigen et al., 2019). In Vidal 2023
Les effets des vers sur l’azote sont plus importants dans les sols pauvres, gérés avec des niveaux d’intrants modérés. Avec de forts apports d’azote de synthèse les impacts sont plus faibles. Mais même avec des fertilisations élevées, les autres bénéfices apportés par les vers peuvent augmenter les rendements.
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