Les vers de terre sont probablement les animaux du sol les moins diversifiés dans un lieu donné. Parce qu’ils sont difficiles d’accès, les êtres vivants des sols sont les moins connus sur la planète. Seul un petit pourcentage est connu. Depuis des années, des scientifiques tentent de prévoir combien d’espèces restent à découvrir et combien de temps ça prendra.
En comparant des travaux en Guyane Française, et dans le Nord et le Midi de la France, Decaëns et al estiment la diversité mondiale de façon prudente à 30, 000 espèces. Il y a quelques années, on prévoyait en découvrir 7,000. Au moment de la rédaction de cet article en 2024, 5679 espèces et sous-espèces avaient été identifiées par les taxonomistes. Comme les zones tropicales sont peu étudiées, il est possible que le total atteigne plusieurs dizaines de milliers d’espèces de plus. Avec les faibles moyens qu’on consacre à l’étude de la faune des sols, ce travail nécessitera plus d’un siècle.
Au Québec, John W. Reynolds et ses collaborateurs ont identifié 21 espèces à date. La grande majorité provenant de l’Europe du Nord. Si on compare nos chiffres et ceux du Nord-Ouest de la France, où les vers ont recolonisé après la dernière glaciation, les mêmes espèces sont les plus communes dans les deux régions. Par exemple : Aporrectodea caliginosa, subdivisés chez nous en A. turgida, A. tuberculata et A. trapezoides, des endogés, tout comme Allolobophora chlorotica. Aussi Lumbricus terrestris un anécique et L. rubellus un épi-endogé. Ces espèces sont dites pérégrines parce qu’elles se sont installées dans les milieux transformés en agroécosystèmes par les colons européens. Elles y sont utiles bien qu’elles puissent avoir certains impacts négatifs.
Impliquez-vous dans notre projet de science citoyenne qui vise à répondre à la question : Quel assemblage d’espèces de vers de terre est présent chez moi? Est-ce qu’elles constituent une communauté équilibrée? Envoyez un échantillon au laboratoire de John W. Reynolds qui étudie les vers du Québec depuis plus de 50 ans. Bien suivre les directives dans CAMPAGNE 2025 épinglées dans le haut du groupe Vers de terre Québec.
Récemment j’ai découvert la présence d’Octolasion cyaneum dans mon jardin. Ce n’était que la cinquième fois que ce ver rare était observé par Reynolds au Québec. Consultez la publication du 5 avril.
Denis La France, Enseignant et expert en agriculture biologique, CETAB+
Réf :
Decaëns, Thibaud, George G. Brown, Erin K. Cameron, Csaba Csuzdi, Nico Eisenhauer, Sylvain Gérard, Arnaud Goulpeau, Mickaël Hedde, Samuel W. James, Emmanuel Lapied, Marie-Eugénie Maggia, Daniel F. Marchán, Jérôme Mathieu, Helen R. P. Phillips, Eric Marcon, 2024, A can of worms: estimating the global number of earthworm species, Prépublication
Decaëns T, Margerie P,Aubert M, Hedde M, Bureau F., 2008, Assembly rules within earthworm communities in North-Western France—a regionalanalysis. Appl SoilEcol. 39:321–335
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