Je me souviens d’une chanson de Gilles Vigneault « La queste du pays » où il décrivait le creusage d’un trou de mine en terminant par : « Si t’avais vu le tas! »
En 1978-79, j’ai étudié l’agriculture dans le Sussex en Angleterre. Parfois le matin, je voyais une vieille anglaise avec son porte-poussière et une petite brosse qui ramassait sur son gazon des grosses boules de turricules produites en une nuit par des vers de terre pour les jeter dans les plates-bandes de fleurs. Avec ce que je sais maintenant, je pense que c’étaient des turricules de Aporrectodea longa, les vers à tête noire que j’ai vus pour la première fois à la ferme Campanipol et que j’ai ramenés à mon jardin. J’en ai vu un hier après la pluie, à 5m du lieu où je l’avais déposé. J’espère qu’il retrouve un copain pour s’accoupler : je veux des bébés…
Dans la première photo, on voit des turricules (petites tours) de déjections d’A. longa photographiés par Kevin Butt. (Merci)
Les anéciques, A. longa et L. terrestris sont particulièrement actifs à creuser des galeries profondes, des biopores très importants dans les agro-écosystèmes, utilisés par les racines, l’air, l’eau et une multitude d’êtres vivants. L. terrestris dépose une partie de ce qu’il mange dans les amas qu’il forme pour protéger l’entrée de sa galerie. Dans la 2e photo, on voit dans un tel amas plus de déjections que de débris organiques.
On qualifie le travail des vers de terre de bioturbation. Ils mangent de la terre, des matières organiques et changent ces matériaux de place, laissant des biopores favorables à la structure des sols.
Dans les golfs, on lutte contre les vers dont les déjections font dévier les balles.
Mais les agriculteurs et les jardiniers apprécient ce travail qui leur rend de grands services.
Denis La France, enseignant et expert en agriculture biologique
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