On voit ici dans des mottes de terre peu perturbées la présence de pores abondants creusés principalement par des vers de type endogés. On peut visualiser l’utilité de ces pores pour la circulation de l’air et de l’eau, l’emmagasinage de l’eau, et même les déplacements d’autres espèces animales dans le sol qui adoptent ces galeries pour se déplacer plus facilement, par exemple les collemboles, les diptères, les mites Oribates, et même des enchytréides bien que ces derniers soient des fouisseurs capables de creuser leurs propres galeries.
La micro-faune (protistes et nématodes) et les microorganismes (bactéries, archées, champignons) arrivent à se déplacer dans le film aqueux des micro-pores du sol, mais la faune dépend plus de la macro-porosité. Évidemment, des racines empruntent aussi ces passages à la recherche d’eau, de nutriments et de microbes qui leur sont utiles.
Les épi-anéciques comme le grand lombric font des galeries verticales stables alors que les endogés, souvent mobiles latéralement, ont tendance à remplir, au moins en partie, leurs galeries avec leurs déjections. Les épigés restent très près de la surface et pénètrent peu profondément.
Ce sol de mon jardin biologique, en planches permanentes, a reçu des doses élevées de fumier de bovins composté pendant 20 ans, de la bentonite (1 t/ha/an), de la chaux (200 kg/ha/an), des cendres de bois (600 kg/ha/an) et des engrais verts chaque année sur environ 80% des superficies. Au départ, c'était un podzol de sable grossier et il a été transformé en loam profond, un brunisol dont la structure est très stable. La présence d’un assemblage équilibré et abondant de vers de terre a contribué à approfondir l’horizon A d’environ 18 cm jusqu’à 90 cm. Des bonnes pratiques appuyées par nos amis les vers peuvent créer un sol très fertile et séquestrer une abondance de carbone. On ne séquestre pas le carbone en augmentant le pourcentage de matière organique d’un sol mince, on le fait en développant un sol vivant sur une plus grande profondeur.
Voici l’assemblage de vers qui a contribué à ce travail, ainsi que leurs catégories écologiques :
Abondants dans les composts et visibles sur les sols à proximité des composts : Eisenia andrei (Épigé), E. fetida (Épi.). Introduit dans le compost en 2024 E. hortensis (Épi.).
Les appartenances à des catégories écologiques (sensu Bouché) sont discutables et discutées entre les chercheurs, ce qui explique les 3 classifications de L. rubellus.
*Corticole (écorces en décomposition) (Reynolds)
Reynolds et La France, 2022, Nouvelles espèces de vers de terre au Sud du Québec, Megadrilogica, 27,2.
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