La conception de l’approfondissement du sol en combinant racines profondes et vers de terre, je l’ai découverte par mes lectures, puis en Allemagne lors de mon travail de presque un an comme maître-composteur sur une grande ferme. C’est une idée centrale de la gestion des sols en biodynamie. E.E. Pfeiffer disait que le pissenlit est comme un ver de terre végétal. Donc pour moi, dans nos pratiques agricoles, il faut s’assurer que le sol permet un bon développement des racines, notamment en faisant des études de profil, ou tout simplement avec une simple sonde qui ressemble à un pénétromètre (voir photo) qu’on peut amener avec soi lorsqu’on marche ses champs. (Merci Herr Zöschinger.)
Donc si la structure permet un bon développement des racines, on s’assure d’intégrer dans la rotation le maximum de plantes à enracinement le plus profond possible. Évidemment, si le sol empêche l’enracinement parce qu’il est très acide ou toxique en profondeur (Aluminium par exemple) on a un handicap qui sera beaucoup plus long à corriger. De même pour des sols très mal drainés, mais ça se corrige plus facilement.
Importance des plantes à racines profondes
Plusieurs légumineuses et graminées ont des racines profondes, et des plantes de nombreuses autres espèces dont je parle dans mes cours comme la chicorée fourragère. On nous a offert le miracle du radis décompacteur mais en sol compact ça pousse très mal et les racines pivotantes restent bloquées.
Lors de leur croissance, toutes les plantes vivent un renouvellement partiel des racines. Des racines meurent, de nouvelles racines poussent. La rhizodéposition représente communément 20% du carbone de la photosynthèse qui nourrit la vie du sol, dont les vers de terre.
Résultats observés dans mon jardin
On a parlé de Manfred Wenz la semaine passée. Avec une forte population de grands lombrics dans ses sols, en laissant une forte masse de résidus de culture en surface, il observait un approfondissement constant de son horizon de surface. Dans mon jardin-intensif-labo, j'ai atteint 90cm de profondeur de l’horizon A après 30 ans : racines, fumier composté à fortes doses, glaisage annuel de 1 t/ha de bentonite, micro-chaulages annuels, apports de cendres de bois, au moins 80 % des superficies en engrais verts chaque année (intercalaires et dérobés surtout, et depuis peu annuels et pluriannuels - je cultive moins de légumes), forte population de 13 espèces de vers avec un assemblage équilibré. Évidemment, ce serait tout un défi de reproduire ça à grande échelle, mais pourquoi pas se poser la question et expérimenter chacun selon sa situation et ses moyens ? Créer un sol plus fertile est un défi central pour tout agriculteur conscient et une de ses activités les plus satisfaisantes.
Potentiel des racines selon les études
Les images sont des reproductions des illustrations de Lichtenegger qui a étudié les racines avec Kutschera. Le pissenlit et la fétuque élevée, il les ont observés à 2m50 de profondeur. Évidemment, la profondeur d’enracinement va varier d’une situation à une autre, selon les sols, mais ça montre le potentiel. À suivre au prochain numéro…
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