Après 33 ans en culture biologique, on espère que les sols seront bien pourvus en vers de terre. Pour vérifier, Robert St-Arnaud et Denis La France ont échantillonné les vers à la pluie le 24 mai dernier. Ils se connaissent depuis presque 40 ans alors que Denis agissait comme mentor de Robert, agronome-conseil en agriculture biologique.
À date, on a identifié au Québec 3 espèces vendues pour le lombricompostage, 16 espèces dites pérégrines adaptées à l’agriculture et arrivées probablement de France ou de Grande-Bretagne et 2 espèces endémiques à l’Amérique du Nord. L’une d’entre elles, Bimastos beddardi a été introduite par des pêcheurs des USA. Et Sparganonophilus tamesis, prélevé seulement 7 fois par Reynolds et ses correspondants, était en toute probabilité présent avant la colonisation.
Les vers sur la photo ont été cueillis en 10 minutes hier, juste après la pluie. Sur quelques m2. Pour un échantillon complet, il faut se déplacer à quelques endroits différents. Il est important d’identifier les espèces présentes à la ferme ou au jardin. Ça prend entre 100 et 200 vers pour un échantillon représentatif même si on n’a pas de garantie d’avoir trouvé des spécimens de toutes les espèces. Ils vivent souvent en îlots dispersés.
Les vers de terre sont probablement les animaux du sol les moins diversifiés dans un lieu donné. Parce qu’ils sont difficiles d’accès, les êtres vivants des sols sont les moins connus sur la planète. Seul un petit pourcentage est connu. Depuis des années, des scientifiques tentent de prévoir combien d’espèces restent à découvrir et combien de temps ça prendra.
Les vers de terre travaillent les sols cultivés mieux que les machineries. On estime que le sol déplacé peut atteindre 300 t/hectare ou plus. Et le déplacement de sol et de matières organiques est reflété par la création des biopores, des espaces qui accélèrent la pénétration de l’eau et de l’air dans le sol. Comme les diverses espèces appartiennent à des catégories écologiques différentes, elles varient dans leur comportement.
Les vers de terre contribuent à toutes les fonctions principales des sols. Mais leur rôle premier est celui d’« ingénieur » c’est-à-dire qu’ils aménagent un milieu favorableà tous les êtres vivants qui doivent vivre dans le sol, y compris les racines des plantes.
Durant la 3e semaine de mars, j’ai effectué une collecte de plus de 200 vers dans mon jardin, envoyée à Dr John W. Reynolds. En 2022 il avait identifié 10 espèces dans le sol de mon jardin, une diversité très élevée, mais pas anormale. Il m’a proposé de publier conjointement Nouvelles espèces de vers de terre au sud du Québec.
La neige a fondu en grande partie les 14-16 mars 2025. Les premiers vers pris dans ma main le 16 mars ne bougeaient pas. Puis après un peu de temps, en contact avec la chaleur, ils se sont mis à bouger.
3è partie de l'analyse des résultats de notre campagne.
Les scientifiques débattent : Peut-on faire un lien entre la zone où s’active une espèce de ver (épigée en surface du sol, endogée dans le sol de surface, et anécique circulant entre la profondeur et la surface) et les fonctions que les vers jouent dans le sol d’un agroécosystème?
Des publications précédentes retraçables sur le blogue lesversetlaterre.bio ont traité de ces questions.