À date, on a identifié au Québec 3 espèces vendues pour le lombricompostage, 16 espèces dites pérégrines adaptées à l’agriculture et arrivées probablement de France ou de Grande-Bretagne et 2 espèces endémiques à l’Amérique du Nord. L’une d’entre elles, Bimastos beddardi a été introduite par des pêcheurs des USA. Et Sparganonophilus tamesis, prélevé seulement 7 fois par Reynolds et ses correspondants, était en toute probabilité présent avant la colonisation.
Les vers sur la photo ont été cueillis en 10 minutes hier, juste après la pluie. Sur quelques m2. Pour un échantillon complet, il faut se déplacer à quelques endroits différents. Il est important d’identifier les espèces présentes à la ferme ou au jardin. Ça prend entre 100 et 200 vers pour un échantillon représentatif même si on n’a pas de garantie d’avoir trouvé des spécimens de toutes les espèces. Ils vivent souvent en îlots dispersés.
Les vers de terre sont probablement les animaux du sol les moins diversifiés dans un lieu donné. Parce qu’ils sont difficiles d’accès, les êtres vivants des sols sont les moins connus sur la planète. Seul un petit pourcentage est connu. Depuis des années, des scientifiques tentent de prévoir combien d’espèces restent à découvrir et combien de temps ça prendra.
Les vers de terre travaillent les sols cultivés mieux que les machineries. On estime que le sol déplacé peut atteindre 300 t/hectare ou plus. Et le déplacement de sol et de matières organiques est reflété par la création des biopores, des espaces qui accélèrent la pénétration de l’eau et de l’air dans le sol. Comme les diverses espèces appartiennent à des catégories écologiques différentes, elles varient dans leur comportement.
Les vers de terre contribuent à toutes les fonctions principales des sols. Mais leur rôle premier est celui d’« ingénieur » c’est-à-dire qu’ils aménagent un milieu favorableà tous les êtres vivants qui doivent vivre dans le sol, y compris les racines des plantes.
Durant la 3e semaine de mars, j’ai effectué une collecte de plus de 200 vers dans mon jardin, envoyée à Dr John W. Reynolds. En 2022 il avait identifié 10 espèces dans le sol de mon jardin, une diversité très élevée, mais pas anormale. Il m’a proposé de publier conjointement Nouvelles espèces de vers de terre au sud du Québec.
La neige a fondu en grande partie les 14-16 mars 2025. Les premiers vers pris dans ma main le 16 mars ne bougeaient pas. Puis après un peu de temps, en contact avec la chaleur, ils se sont mis à bouger.
Nous avons publié les résultats de notre campagne d’échantillonnage effectuée à 92% dans la zone des Appalaches en majorité sur des fermes laitières (18,25 janvier, 1 février.) Stéphanie Lavergne a réalisé une étude sur 11 fermes en grande culture biologique depuis plus de 10 ans, dans la Plaine du St-Laurent en Montérégie, ayant une rotation intensive de maïs-soya-céréales (sans fourrages vivaces.) Elle a réalisé des échantillons en fin de printemps 2109 et 2021. Cette étude scientifique est rigoureuse comparée à notre petit projet de science citoyenne.
Hsu et al ont proposé le graphique ci-joint illustrant les principales catégories écologiques de vers de terre. Au Maryland, ils ont étudié les espèces présentes dans des champs cultivés en maïs-soya-blé sans travail de sol, un site tout juste reboisé après 34 ans de monoculture de maïs, et des forêts de feuillus matures. Ils ont utilisé la présence naturelle d’isotopes 13C et 15N dans les sols pour catégoriser les aliments des vers, matières organiques (MO) diverses et sols. Ils peuvent ainsi situer les zones d’activité des espèces présentes.